Pom pom pom...

Invité

Sandoval, Sandoval, je m'appelle Sandoval...
Un bruit ? Non, rien...

Sandoval, Sandoval, je m'appelle Sandoval...
Une rumeur ? Oh, sans doute le vent...

Sandoval, Sandoval, je m'appelle Sandoval...
Oui, là, un homme qui approche en parlant seul, les yeux fixés sur ses pensées, seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées... tout un poème !

Victor, le garde de faction de Fatum (ou l'inverse), tape son compère du coude pour lui montrer la scène :
- Hé, Hugo, vise-moi un peu ça. Encore un type qui essaie de se souvenir de son faux nom !
- Ouais, y a pas qu'lui qui perd la tête : moi c'est Léopoldine, Hugo est parti chercher du houx vert et de la bruyère en fleur, j'le remplace le soir, t'as d'jà oublié ?
- Oh, s'cuse, avec nos capuches j'reconnais plus personne moi... Bon, il arrive, qu'est-ce qu'on lui dit à celui-là ?
- Ben rien, comme les autres, tu connais la consigne : quand tu sais pas, dis rien... quand tu sais, n'avoue jamais !

Le temps de cette amusante scène de ménage, l'inconnu arrive devant les deux gardes et réfléchit bien avant de déclamer mécaniquement :
Messieurs ! Dame... J'ai ici une invitation pour une rencontre éphémère... Heu, je veux dire de la part d'une personne dont le faux nom est Ephémère... Où dois-je m'adresser ?

Sans un mot, la mine charbonneuse et l'air patibulaire, les deux gardes se contentent de montrer du doigt l'intérieur du camp. B... P... enfin Sandoval y vise le feu qui y brûle et part s'installer sur un tabouret en retrait en sortant de se besace une pomme rouge :
San - do - val...
San - do - val...
San - do - val...
San - do - val... bordel c'est pourtant simple !

Ouh ouh courant d'air!! Y a un type qui te demande à l'entrée, encore un drôle qui cause tout seul!... Ça, c'est Maurice, le garde.

Hum?... Je vais t'en donner moi du courant d'air, tu vas voir...

Une taloche derrière la tête dudit Maurice et la voilà qui part en courant à l'entrée du repaire, s'agirait de pas s'en prendre une en retour. Elle fait sauter les verrous de la porte et l'ouvre en grand, avance un peu sur le seuil, regarde à droite, à gauche... Ah, le voilà! En effet, il semble parler à une pomme... Original.

Bonsoir! Ephémère, enchantée... Tu as demandé à me voir? Tu t'appelles?...

Tout en parlant, elle fait des moulinets avec la main pour qu'il s'approche.

Invité

Sandoval lève la tête, puis son popotin pour s'approcher :
Bonsoir ! Enchanté. Je m'appelle... heu Sandoval, bien sûr ! J'ai reçu une lettre signée de votre fau... de votre nom, la voici...

Et disant cela, il passe la main dans son gilet sans plis pour en sortir le pli en question et le tendre comme preuve, sa pomme rouge dans l'autre paume.

Ephémère jette un regard amusé à l'homme puis saisit la missive qu'il lui tend, coup d'oeil rapide, c'est bien son écriture... Elle fait un large geste de la main pour l'inviter à entrer.

Bienvenue Sandoval, entre je te prie... Regard gourmand vers la belle pomme rouge... T'en reste pas une pour moi par hasard?

Petit sourire espiègle accroché au coin des lèvres, la donzelle l'accompagne jusqu'à une table.

Installe toi ici, j'ai un petit questionnaire pour toi... Une fois rempli on te donnera une clé pour que tu puisses découvrir une partie du repaire.

Elle pose le formulaire sous son nez, pointe la plume et l'encrier qui trônent à coté.

Formulaire:

Il y a de quoi écrire ici, au travail! Dit-elle sur un ton plaisantin.

La jeune femme le laisse se concentrer et attend un peu plus loin.

Invité

Sandoval entre dans la pièce en se répétant à voix très basse un mot de trois syllabes. Au passage, il tend sa paume à la dame :

Tenez, j'ai porté des roses rouges pour faire croire que j'étais là pour un rendez-vous... Oh, une pomme ! Mais alors qu'est-ce que j'ai mang... Hum... Enfin, heu... Vous la voulez alors ?

Piqué (mais pas par les épines), confus mais un peu tard, Sandoval lance la pomme à Ephémère pour rapidement rejoindre le bureau et commencer à écrire sans un mot, sans un regard, sans même se rappeler ce qui avait pu se passer juste avant... Mais discrètement s'ôter quelques épines de ses cheveux...

La brunette ouvre des yeux ronds.

T'as bouffé les roses?! Remarque, ça doit être bien pour l'haleine... Huhu...

Elle attrape la pomme rouge au vol, la frotte contre sa jupette pour la faire briller et croque dedans à pleines dents.

Mmh... Délichieuse, merchi!... Scrontch, scrontch.

Une fois le formulaire rempli et porté à La Féline, le garde revient avec une clé qu'il tend à Sandoval. Ephémère le remercie d'un signe de tête et avale sa dernière bouchée avant de parler.

Voilà, tu as ta première clé, bonne visite! C'est par là... Dit-elle en pointant l'un des couloirs.

Invité

Sandoval se lève, saisit la clé tendue par le garde et se dirige tête haute vers le couloir, recrachant discrètement au passage un pétale de rose comme si de rien n'était tout en songeant "Ma parole, elle se paie ma pomme...".

Pour faire diversion et éviter tout commentaire désobligeant, il improvise une plaisanterie douteuse qui lui permettra de s'éclipser en paraissant dans la lune :
Bien, je vais essayer cette clé. Et si elle ouvre une trappe, nous dirons que c'est une clé de sol !

Et il disparait dans le couloir, riant sous cape, ce qui d'ailleurs lui donne l'idée de s'en procurer une...

Invité

Le temps des cerises ? Non, le cerisier est en son hiver... Le temps des adieux, alors. Lui ne connaît pas de saison.

Après avoir rendu sa clé, Sandoval retrouva ses trois compères galiciens, à l'aube, en dehors du camp, levant le poing pour dire que "le luth continue", du sourire masquant l'émotion. Ils se dirigèrent vers la colline aux cerisiers en pleurs.

Comme leur ami sortait du repère sans son lapin tueur, vraiment, quels voleurs..., il lui tendirent leur singe d'orient pour qu'il puisse avec lui affronter ce très long hiver. Il le posa sur son bras et tous deux s'éloignèrent dans le soleil levant, tandis que les trois ibères firent route vers le sud en chantant :

Mon nouvel endroit préféré ici dans les royaumes
C'est la plaine angevine, l'herbe y est plus bonne
Nous voilà épuisés oh ramène-moi
Quand la milice t'arrêtera
Nous on fredonnera un truc comme :
« Ooooooh ooh ooh la dernière chose qu'on entendra…
Ooooooh ooh ooh des ibères partir avec toi »

Mon nouvel endroit préféré ici sur la colline
C'est au pied du cerisier, l'herbe y est plus fine
Nous voilà éméchés oh ménage-toi
Quand tu devras t'envoler
Nous on fredonnera un truc comme :
« Ooooooh ooh ooh la dernière chose que l'on verra…
Ooooooh ooh ooh un singe accroché à ton bras »

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Eloignés...

Elle n'avait pas cru que cela se terminerait ainsi. Ca durerait le temps d'une mission, avait-il dit... Mais l'avait-il vraiment pensé?

Dissimulée derrière un mur sombre, elle le regardait partir sans bouger, sans rien faire.
Une pointe de culpabilité avait bien traversé son esprit, seulement elle n'était pas du genre à ruminer... Juste à regretter, car les remords sont à éradiqués,
trop lourds à porter.

L'hiver n'était pas encore entamé, mais elle avait très froid cette fois.
Ses doigts semblaient vouloir s'enfoncer dans le mur, tant elle se retenait de crier son nom.

Ses amis l'emmenaient, lui.
La tristesse l'emportait, elle.

Et tous ces verbes qui commençaient par "e" étaient à présent inutiles, car pour "eux", et même si elle ne parvenait pas à y croire, c'était la Fin...