Joker s'en va en guerre

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La forêt avait été dépassée depuis quelques lieues, seuls vestiges de cette dernière: Quelques arbres largement clairsemés dans les plaines qui se trouvaient désormais devant l'Irlandais. La nuit tombait, la fraicheur du vent piquant la peau du Joker redoublait d'intensité, anesthésiant légèrement son épiderme. Les vêtements qu'il portait se montraient bien trop légers pour l'occasion. Coup d'oeil à gauche et à droite, pas de bêtes sauvages à occire pour en prendre la peau. Coup d'oeil sur ses muscles, pas assez prononcés pour tuer plus qu'une chèvre anémique de toute manière. Une lueur au loin se fait désormais visible, comme une torche brûlant dans les hauteurs de la plaine parcourue. Les pas du gérant vert s'accentuent, peut-être dans quelques instants ne serait-il plus seul dans cette nuit désolée.

Plus il s'approche de la lueur plus il distingue les contours d'un bâtiment. Une tour de garde semble t-il. Dans tout ce noir difficile de dire qui est qui même si tous les chats sont gris. Si ses renseignements étaient exacts c'est en ces lieux qu'il trouverait ce qu'il était parti chercher voilà de cela bien des semaines, explorant bon nombre de routes du Royaume. Le voilà devant une petite porte de bois. L'ouvrir et entrer dans la tour fut rapide et la chaleur qui y régnait redonna des couleurs au verdâtre. Après quelques minutes il put même enlever sa lourde capuche, dévoilant au passage sa chevelure mi-longue d'un vert vif, coiffée en de nombreuses nattes. Son visage pâle, sa cicatrice barrant son oeil droit, son tatouage entourant ses lèvres dessinant un éternel sourire dressé étaient aussi visibles. Seule son tatouage d'Injustice caché dans son cou par le pan de son long mantel restait insaisissable. L'rlandais se mit un peu plus à son aise, néanmoins toujours aux aguets du moindre bruit. Sa blessure le faisait encore souffrir, de plus la longue route parcourue n'arrangeait rien...

Tout à coup... Un bruit cassa la silence naissant dans la pièce d'à coté. De légers bruits de pas semblaient retentir. Le sourire du Joker grandit plus encore. La main sur le pommeau de son épée il en ouvrit lentement le battant. Une fois dans la pièce mal éclairée il lança:

Le bonsoir à qui est là. J'ai fait une longue route jusque là et je me suis permis d'entrer dans cette tour pour prendre repos et me réchauffer... Je me nomme John Kerlyll, Joker pour les intimes.

Elle marchait sans trop faire attention où elle allait, trop concentrée sur la lettre qu'elle tenait sous ses yeux. Elle la relisait pour la énième fois, intriguée. Et alors qu'elle se croyait seule, une voix inconnue surgit de nulle part la sortit de sa profonde réflexion. Ephémère fit un bond et se retourna brusquement, tout en tirant son épée de son fourreau. Ses grands yeux étonnés se posèrent sur l'homme qui venaient de se présenter. Mais sa surprise était si grande qu'elle ne retint presque rien de ce qu'il disait. La jeune femme l'observa avec curiosité, malgré que le mauvais éclairage ne lui permettait pas de bien distinguer son visage. Les lèvres entrouvertes sans qu'aucun son n'en sorte durant quelques secondes, elle finit par prendre la parole:

- Non mais ça va pas de me faire une frayeur pareille!... Et puis comment es-tu entré? La porte est habituellement fermée et si aucun garde ne t'a ouvert...

La brunette plissa les yeux et appela le garde en hurlant:

- Maurice!! Ramène ton séant ici, et fissa!... Puis à voix basse... Quel incompétent, j'vous jure...

Elle reporta ensuite son attention sur l'étranger et poursuivit son interrogatoire:

- Et comment as-tu trouvé le chemin jusqu'ici, c'est quelqu'un qui t'envoie? Qui?

L'homme se tenait dans la pénombre, et sans le quitter des yeux, elle tâtonna la table pour saisir une chandelle et l'approcha de lui.

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Une femme se trouvait dans la pièce plongée dans la pénombre. Une de ses mains retira l'épée de son fourreau à bride abattue. Ses yeux étaient largement ouverts pour déceler quelques mouvements suspects et agressifs de la part du Joker. Ce qui ne serait pas le cas, à moins d'une attaque de la femme sur la défensive. Il n'était pas là pour se battre mais pour chercher des réponses et des gens tels que lui. Enfin s'en approcher du moins... Il sourit largement lorsqu'elle lui demanda comment il était entré:

Et bien je n'ai eu qu'à pousser un peu la porte tout bonnement. Il semblerait que quelqu'un a omit de la fermer convenablement.

Elle se mit à crier après un certain "Maurice". C'est vrai, il pousse le bouchon un peu trop loin le Maurice...
Pas le temps de s'attarder sur Maurice à la mémoire de poisson rouge, LA question avait été lancée par la femme:

"Et comment as-tu trouvé le chemin jusqu'ici, c'est quelqu'un qui t'envoie? Qui?"

Le Joker était ravi qu'elle en arrive là. Des semaines qu'il cherchait les Fatum et selon ses informations c'est en ce lieu qu'ils sauraient être trouvés. Les desseins de l'Irlandais se trouvaient dans l'ordre d'idées de cette "organisation" semblait-il. Il laissa la lueur de la chandelle lécher son visage et répondit tranquillement:

Le chemin jusqu'ici était tout tracé pour une personne telle que moi, très chère. Celui de la grivèlerie, de la maraude, du détournement de richesses. Celui de l'incompréhension et du honnissement de l'ordre établi par tous ces politiciens pitoyablement accrochés à leur semblant de pouvoir, ne laissant parole qu'à leur propre camps, baîllonnant celle des autres.
Celui de l'unité d'un clan, d'une famille oeuvrant pour le bien de ses congénères, uniquement...

Le Joker aime les grandes phrases bien construites en effet. Il reprit un peu son souffle avant de reprendre:

Personne ne m'envoie ici-lieu. Je ne suis guidé que par mes actes et mes pensées. Je recherche depuis déjà quelques temps à intégrer Fatum. Pas seulement par appât du gain, cela serait trop simple. Mais par quelque chose qui nous dépasse tous, quelque chose de plus grand. Cette envie de vous rendre utile, nécessaire, indispensable. Cette envie qui vous tord les boyaux et qui fait que je trouve devant vous, très chère, dans cette pièce mal éclairée après que Monsieur Maurice ait eu la bonté de laisser la porte ouverte après une soirée trop arrosée sans doute...

Un homme bavard, comme c'est rare! La jeune femme prêta une oreille attentive à ses propos, tout en le scrutant à la faible lueur de la bougie. Ses sourcils se froncèrent devant l'étrangeté de son visage balafré et tatoué. Sans parler de sa chevelure. Elle se demandait ce qu'il mettait comme mixture pour obtenir cette couleur. Elle le laissa parler sans lui couper la parole une seule fois, enregistrant chaque mot prononcé, et une fois son laïus terminé, la brunette fronça son petit nez et rangea l'épée dans son fourreau.

- Bien, je pense que tu as frappé à la bonne porte... Elle esquissa un sourire à cette phrase et ajouta... Même si tu n'as pas vraiment frappé avant d'entrer...

Un petit grognement sourd se fit entendre à cette pensée, il allait en prendre pour son grade le Maurice! Ephémère reposa la chandelle sur la table et d'un large mouvement de la main invita l'étranger à la suivre. Ils traversèrent un long et étroit couloir éclairé par quelques torches accrochées aux murs. Elle l'emmena ainsi jusqu'à la salle d'accueil, où les gens arrivaient habituellement. La brunette lui fit signe de l'attendre là, se saisit d'un gros ouvrage qui pesait bien lourd et qui s'intitulait "Le guide du brigand pour les nuls", écrit par elle même pour instruire certains boulets qui se présentaient parfois. Heureusement, ça arrivait rarement.

Elle avança, donc, munie de son lourd fardeau -c'est qu'elle est pas bien grande la donzelle- jusqu'au bout de la salle, et disparut derrière une porte. Quelques secondes plus tard, on entendit un gros "BAM" sourd, suivi d'un cri effrayant et viril. Puis, la voix d'Ephémère s'éleva alors qu'elle regagnait la salle d'accueil:

- Et dépêche toi d'aller verrouiller la porte si tu ne veux pas finir dans l'enclos à cochons, IVROGNE!

Ephémère réapparut, un poil énervée, suivie d'une montagne qui se frottait la tête sans broncher et qui fila d'un pas pressé vers la tour, sans demander son reste. Comme on dit, faut se méfier des petites... Elle reposa le gros livre -qui servait aussi d'assommoir à Maurice- à sa place et se tourna vers l'homme aux cheveux verts, affichant un sourire innocent qui contrastait avec sa mine colérique quelques secondes plus tôt.

- Hum, j'ai oublié... Quel est ton nom déjà? On m'appelle Ephémère...

Tout en lui posant la question, la jeune femme le guida jusqu'à la table où étaient posés une pile de parchemins, plusieurs plumes et un encrier. Elle tira la chaise pour qu'il s'y assoit et posa sous son nez le formulaire d'entrée.

Formulaire:

Elle poussa le nécessaire à écrire vers le Joker et lui dit:

- Choisis ta plume... Et remplis ce formulaire si tu veux aller plus loin.

S'asseyant sur un coin de la table, elle l'observa alors qu'il prenait connaissance du parchemin.

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