Entièrement drapée dans un vaste drap trouvé sur le chemin, faute de cape digne de ce nom, la célèbre Buse de Pontus se présenta devant le bâtiment qu'on lui avait indiqué lors de la toute fraîche prise de Pontarlier. Chauvin au possible, il n'était jamais très amusé de voir des groupes armés étrangers baisser les impôts sans rien demander à personne, mais le représentant de Fatum qu'il avait croisé lui avait paru sympathique. Eh ! Fatum ? C'est éfatant ! s'était-il d'abord dit, se remémorant les paroles d'un vendeur ambulant de son enfance... Cela ne signifiait pas grand chose mais la sonorité des mots lui avait plu. Puis, la discussion allant, il s'était rendu compte que les petits voyages d'agrément proposés par l'alliance pourraient lui convenir.
Il avait tout de même réfléchi, histoire de se servir de ce qui lui servait de caboche, mais il s'était rapidement rendu compte que le contexte n'était pas favorable à son projet d'indépendance de Pontarlier. Aussi arriva-t'il dans ce lieu indescriptible. Indescriptible ? Etait-ce donc une magnifique et inénarrable bâtisse ? Point non ! Mais comme le voulait la tradition du conspirationnisme, la Buse arriva de nuit, idéale parure pour tout complot digne de ce nom. Et dans l'obscurité, difficile de se faire une idée de la configuration de la place.
Seule, éclairée par deux torches fixées au mur, se distinguait une porte de bois de belle facture, percée sous une voûte brisée, ou demi-brisée, ou en pâte brisée... Il l'ignorait, il n'y connaissait rien en architecture. Se dressant devant l'ouverture, il toussota et déclama la présentation qu'il avait préparée.
Bonsoir, bonsoir... Je suis... Il marqua une pause pour ménager une ambiance à la hauteur de l'occasion. La Buse de Pontus !!! Le fort écho qui lui renvoya ses paroles le fit sursauter et lui rappela l'obligation de discrétion exigée dans ce moment. Se penchant vers le chêne de la porte, il s'adressa à elle d'un ton plus doux. Je suis ici de la part de Revenge....