Poussée par une existence sans passion et n'ayant plus le goût de rien, cette jeune femme n'avait même pas réfléchi lorsqu'elle avait lu cette étrange missive posée sur le tas de paille où elle dormait.
Elle s'était emparée de tous ses effets personnels et avait quitté le taudis de Cambrai où elle logeait depuis quelques jours déjà.
Vagabonde, elle ne connaissait plus que la solitude, et se traînait sans joie d'une ville à l'autre dans un but qu'elle-même ignorait. Cela faisait des mois que son périple durait, et elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Mais quelque part en elle brûlait toujours sa flamme vengeresse.
Alors qu'elle arrivait devant le lieu indiqué, elle se rappela qu'on lui avait conseillé de se présenter sous une fausse identité. Elle murmura, comme pour elle-même, d'une voix rauque de ne pas avoir parlé depuis des semaines : Arneli, Arneli, c'est bien Arneli.
Puis, sans réfléchir, elle rabattit sa capuche sur ses yeux et frappa trois coups fermes contre la porte qui s'élevait devant elle.