Vous brigand…vous dansez mademoiselle ?

Genève…Genève…ses tripots ! Première présence, posage de séant tout crotté, l’unique, ou pas des moindres, le premier olibrius passant le pas de la porte, la conversation fut tambour battant en un instant. La peau fut crevée dès le premier coup de baguette. Retour en arrière d’un torticolis avec un œil dans le dos :

-Yop !
-Je dirais même…bonsoir !
-Fatum ?!
-Après vous !
-Tu brigandes ?
-Présentement…je suis assis…On se tutoie ?
-Ciao

Genève…Genève…la première des constatations à éclore dans l’esprit du vagabond fut que les tanches, qu’elles étaient belles et fringantes par ici.
Après l’unique et le seul, seul dans ce tripot, il y avait de l’intrigue à avoir. Cela changeait des soubrettes en dessous de comptoir, de deux à y accéder, à trois à en sortir au point du jour, avant d’aller tondre ses vaches et de bécher ses moutons. Après quelques onces de réflexion, une puce le piqua. Mais, peut-être…peut-être…était-ce un verbiage local, une autre forme d’expression trépanée. Aldyr s’enfourna dans la rue, zieutant portes, portiques, balcons, pots de fleurs roses et autres fenêtres, d’un pas décidé, d’un bredouillement :

-Fatum…fatum

Rue déserte puis la suivante, personne ne sortait, aucun pot de fleurs roses lancé à la volée, un brin de ragaillardis le submergea peu à peu :

-Fatum…fatum…fatum…

Presque le tour du patelin, même pas une bûche éméchée dans un caniveau et pouvant lui offrir la possibilité d’assouvir sa soif d’interrogation, bien leur en prenait. Le vagabond pouvait être ouvert à la trépanation, du Limousin à Limoges :

-Fatum…fatum…fatum…fatum…

La localité était sourde. Et, assurément, avait-il fait connaissance des lieux mieux qu’un rat en villégiature. Sauf, d’un arrêt de talons, Aldyr leva sur les mirettes sur ce qui devait ressembler à des murs et une entrée bien typés voire pittoresques. Jaugeant quelques instants la bâtisse d’un grattement de menton, il n’y avait aucun doute, portes massives et sombres, remparts et créneaux lugubres, il ne manquait plus qu’une odeur de moisie pour le conforter absolument dans son intuition.
Palpant sa bombarde encore, seulement, en bandoulière, il reprit sa sérénade avec une assurance de trépané enterré :

-Fatum…fatum…fatum…fatum…FATUM !

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Un leïtmotiv pour le moins entraînant parvient aux oreilles de notre blonde Elvi.
Forcément, l'expressivité du texte ne laisse que peu de place à l'imagination.

Aussi, Elvi s'avance t elle vers le chanteur, lui souriant.

"Ô Troubadour !

Que chantes tu là ? C'est beau.

C'est... C'est... C'est poignant.

J'en pleurerais."

Elle reprend son sérieux et, d'une traite:

"J'suis Elvi, t'es qui, toi ? Tu veux entrer à Fâ-tum ? Ou tu t'sentais juste un peu seul et t'as eu une subite envie d'causer ?"

Elle lui sourit.

Il y avait de l’écho dans l’air. Visiblement ou plutôt auditivement, la caractéristique locale de l’autochtone emmanché devait être la surdité bien que sans onanisme acharné. Sinon, le vagabond tout crotté devra revoir sa théorie sur la tavernicolerie.
Sans se démonter, les coups d’épée dans l’eau étant sa spécialité, Aldyr dégaina sa bombarde. A peine l’avait-il portée à ses lèvres qu’une voix dont savait où, à gauche, à droite, en haut, sur un créneau à califourchon, le séant sans braie dans un buisson, vint interrompre le silence éphémère.

Elvirem a écrit:: "Ô Troubadour !

Que chantes tu là ? C'est beau.

C'est... C'est... C'est poignant.

J'en pleurerais."

Un brin désappointé par l’ouverture de la réponse, il murmura à sa bombarde prête à l’emploi :

-Cela ne va pas bien fort maintenant…ils se sont ramollis sur les accueils…elles sont où les menaces…les envois de chiens ou d’ours ?!

Désarmant son instrument, à peine avait-il pris une inspiration en guise de rétorque, la voix féminine reprit sans attendre :

Elvirem a écrit:: "J'suis Elvi, t'es qui, toi ? Tu veux entrer à Fâ-tum ? Ou tu t'sentais juste un peu seul et t'as eu une subite envie d'causer ?"

Le vagabond poussa un léger soupir de soulagement. Les fondamentaux étaient encore vivaces heureusement, ou pas. Pire qu’une plainte de bombarde, ils avaient la rafale interrogative dans le coin. Apparemment visible la propriétaire de la voix, Aldyr la chercha du coin de l’œil tout en faisant un signe d’attente avant de répondre :

-Il faut répondre dans l’ordre ? Et, on se tutoie même en dehors des tripots ?...donc, en réponse, je suis, et c’est déjà bien…On rentre à Fatum ? On peut même rentrer dedans ? Soit, je veux bien y pénétrer, m’y insérer, être en son sein. Il faut baisser la tête par prévention ? Et sinon, parce que je suis poli, on peut causer de la tonte des cochons ou de la façon de pêcher avec une pioche, par défaut ?

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Toute tergiversations mises à part, la blonde s'était plantée devant l'homme.
Elle avait déjà le traditionnel formulaire à la pogne mais faut croire qu'elle avait décidé de le faire attendre.
Elle regarde le ciel... Puis le bout de ses bottes... Puis remonte le long du gars.

"J'peux te vouvoyer aussi, s'tu veux. C'est juste plus longuet.
Bon j'vais pas répondre à toutes tes questions non plus j'ai pas que ça à faire.

Voici le formulaire à envoyer à La Féline"

Lui tend le ptit parchemin puis sourit à l'homme.

Spoiler:

"Une fois envoyé, tu seras nouveau donc t'pourras pas entrer trop loin dans la forteresse. Ensuite une fois une action faite avec nous tu pourras aller à peu près partout.
Par contre vu que je sais pas si tu viens à cause de notre réputation ou à cause d'un de mes courriers, j'te laisse choisir si tu préfères faire partie de ma section ou pas."

Elle arrête de parler et murmure: "Arf, j'ai oublié le vouvoiement. T'm'en voulez ?"

Suivant son regard, un brin perplexe, l’imitant en la dévisageant de bas en haut et inversement, avec un certain ralenti sur le milieu, le vagabond fronça les sourcils en visant du coin de l’œil le papelard tendu. Ecoutant d’une oreille les propos de la donzelle, l’étonnement remplaçant la perplexité, Aldyr dodelina de la tête avant de saisir le gribouillis. Il le fit gesticuler au nez de l’ouvreuse en prenant une mine légèrement ahurie :

-C’est pour se moucher tout de suite ou s’essuyer après être entré ? C’est devenu facile ce machin maintenant…plus la peine de faire le planton, de palabrer sur ses motivations, désirs, convictions…cela ne doit pas se bousculer au portique…on donne même un présent pour pouvoir entrer…ce serait presque gentil…par contre, cette Féline, je ne connais pas…et, je ne formule pas avec les inconnus, même apparemment féminine…

Le vagabond fit une pause puis reprit :

Sans vouvoiement ou tutoiement…bien que vite en besogne…on sectionne juste que tous les deux ? Une autre utilité de cette…ce…formule…à l’air ?

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Elvi continue de le regarder, puisque ça le perturbe.
Elle toussote légèrement lorsqu'il s'attarde mais répond, infatigable:

"Mon cher euh... Hum... Bref... J'peux vous demander vos motivations, mais si vous souhaitez intégrer Fatum je m'en doute un peu non ? J'pourrais m'amuser à vous tester, mais pourriez vous éclater à m'mener en barque.
Donc voui on fonctionne comme ça.

Maintenant, on peut aussi rester au portillon à parler de votre vie. Vous allez bien ? Vous avez vécu en Bourgogne ? Vous avez un oncle de Franche comté ?"

Elle lui sourit.

"Et je puis répondre à vos questions, bien sûr, en attendant. Vous ferez parvenir le formulaire lorsque vous le voudrez, ça ne presse pas.

Donc... Pour le-dit formulaire c'est seulement histoire d'avoir une vue d'ensemble. Rayser et La Féline le gardent dans leur Etat Major, et moi dans le mien si vous entrez dans ma section. Personne d'autre n'y accède.

Pour les sections... Je vous pose la question comme ça parce que je suis arrivée au chiffre de 30 personnes, et que donc, je ne peux plus démarcher. Si vous voulez venir, vous venez. Si vous n'y tenez pas, vous n'aurez que Rayser et La Féline comme référents."

La blonde sent que ça va être long, mais est assez amusée par l'homme. Il lui semble d'ailleurs l'avoir déjà vu quelque part.

D’un air faussement pénétré, Aldyr acquiesça indéfiniment à tous les propos de l’ouvreuse, continuant de faire gigoter sous son nez le papelard. Le silence se faisant entendre, il répondit à son sourire :

-Oui ma mie…non…peut-être…dans le désordre…j’ai vécu parmi les trépanés en tentant de sauver les limousines…maintenant, je compte les bûches et les tanches…mais cela diverge…et c’est énorme…enfin bref, et c’est le terme doublement, ma vie est pleine de trous…en tout cas, c’est fort intéressant ce que vous racontez…et presque mystérieux…mieux qu’une conversation comme ouverture à tavernicoler dans un tripot…revenons à nos vaches tondues…qu’est-ce que vous êtes organisés ? Vous devez vous ennuyez pour sectionner et faire de major états, référer à tour de bras…et surtout en faisant des airs en formule…si c’est seulement une histoire…et de vue d’ensemble en plus…pourquoi empapaouter avec ? Faisons au plus simple voyons…

Le vagabond mima une réflexion en plissant son front grotesquement.

-Tenez…ou presque…sauf si vous voulez vraiment le faire…je vous fais un coup de bombarde et le tour est joué…vous m’introduisez…je m’essuie en me mouchant dans votre for en mule à l’air… vous en pensez quoi ?!...très bien, parfait ! C’est conclu ! Qu’est-ce que vous êtes bien bonne !

Puis, inclinant légèrement la tête de côté jusqu’à l’une de ses esgourdes, le papelard accompagnant le mouvement en lui frôlant le bout de son nez, il lui susurra :

-Venir et me dire de tenir dans le même temps, vraiment…trente, et vous ne pouvez plus démarcher…vous avez fait une énorme bêtise pour telle punition ? Et…à trente et un…vous vous démobilisez ?

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Elvi avait laissé passer quelques minutes avant de répondre à l'homme... Fallait qu'elle réfléchisse à sa condition de "mie" et aussi à combien de temps elle lui laissait avant de l'envoyer paître.
Un regard au ciel où le soleil est encore en bonne position... Y'a l'temps...

Elle colle le parchemin au torse d'Aldyr histoire qu'il n'ait d'autre choix que de refermer les mains dessus. Puis, débarrassée, reprend leur conversation de sourds.

"C'est très simple, très simple, j'vous assure. On s'demande qui est blonde ici. "Référer à tour de bras", vous aimez l'exagération vous. J'espère que les coups que vous donnez, eux, ne sont pas exagérés mais bien réels."

Elle sourit de ses jeux de mots, murmurant simplement: "vous rêvez, là."

Puis, sur le même ton de la confidence: "le 31 est passé... En serez vous ? Je n'abandonne pas si vite."

Plus c’était long…Plus, il était à se demander si l’endroit était plus valable que le dessous au plafond bas d’un comptoir. Légèrement surpris par le geste de la donzelle, le vagabond chiffonna le papelard faisant un retour en arrière. Dans le même temps et à l’écoute de ses propos, il recula légèrement la tête pour croiser son regard. Puis, en haussant les épaules, il la gratifia d’un sourire exagéré :

-C’est ce que je n’arrête pas de vous dire depuis le début…même avant que j’arrive ! C’est pour dire ! Ce sont des choses naturelles…et des airs…des mules…des for…sont complètement inutiles…superfétatoires ! A la rigueur, si je dois me teindre en blonde…je ne suis pas difficile…tout comme faire le trente-deux…

Lâchant subitement le papelard à leurs pieds, il jeta un œil dessus avant de remonter le regard lentement jusqu’à son visage, prenant un air penaud :

-Votre…formulaire n’a pas…l’air…que je le formule...mais, c'est lui la mule ! Parce que de mon côté...vous avez déjà vu une mule blonde…il se sait inutile...même pour lui c’est simple, normal…naturel…vous avez déjà pensée à une fleur ? Non ?!...je vais vous y aider à le faire tout en vous suivant en toute introduction donc…

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Elvi ne quitte pas son habituel sourire, regardant l'homme plutôt que l'écoutant.

"Soit... Si vous voulez avancer dans la forteresse vous savez quoi faire... Si vous voulez continuer à mener un monologue sans queue ni tête, je reste là.

Après tout, cet endroit me manquera bientôt."

Elle attend sa décision, campant devant la porte de la bâtisse.

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