Voyage dans l'ombre...

L'homme sortit enfin des ombres de la forêt après deux jours passés à observer les passages des uns et des autres. Trop suspicieux pour se montrer, il avait finit par se rassurer quant au fait que nul ne l'avait suivi ou vu. La bâtisse qui lui faisait face paraissait tel un vieux castel décrépit, mais il en savait les dangers. Venir ainsi, armé d'un simple bâton, l'arc accroché en son dos, de surcroit à découvert, frisait l'inconscience. Mais en ce monde la vie ressemblait à un coup de dé permanent, où la fortune souriait à l'infortune.

Justement l'infortune il ne l'avait que trop bien connue, alors que pouvait-il arrivé de pire ?

La lourde porte offrait sa plus austère face. El Viajero (nom en souvenir de ses heures castillanes) heurta celle-ci avec son bâton par quelques coups secs. Il jetait donc à nouveau les dés...

Le froid était tombé vite, l’hiver pointait son nez, époque qu’on pouvait aimer ou pas….

Hormis devoir s’emmitoufler jusqu’aux oreilles La Féline adorait cette période, celle où on pouvait rester des heures devant l’âtre se laissant aller a toute une imagination quand elle regardait la danse des flammes rougeoyante……se laissant envouter par la chaleur qui en ressortait et humer l’odeur du bois brulé qui embaumé toute la pièce ……

Parfois elle se plaisait à y faire griller quelques morceaux de viande au bout d’un pique…..

Alors qu’elle se rendait dans la cour avec une charrette vide pour la remplir de petits bois, elle entendit frapper à la porte…..

Elle lâcha cette dernière et se dirigea vers la grande porte et d’un mouvement l’ouvrit se retrouvant face à un homme.
Ne voulant pas s’attarder dans le froid elle l’invita à l’intérieur de la cour et vérifia d’un regard si personne ne l’accompagnait avant de refermer la lourde porte derrière eux

Bonjour messire, que puis-je pour vous ? Avez-vous perdus votre chemin pour vous retrouver par ici ?

En attente d’une réponse La Féline repris sa charrette et la plaça devant l’étalage de bois bien rangé contre le mur
Elle commença à en prendre et a les lancer dans la charrette, tout en attendant que l’homme lui réponde.
Elle aurait put passer pour non chalante mais c'était loin d'être le cas, elle avait juste froid

La porte s'ouvrit d'un coup et une femme le fit entrer avant de refermer aussi sec derrière lui, non sans jeter un regard rapide sur les environs. Sans prendre le temps de véritablement le jauger elle s'affaira, reprenant sûrement là où elle en était avant d'ouvrir. D'un air détaché, elle s'inquiétait de savoir si le visiteur s'était égaré.
Il distinguait à peine son visage, emmitouflé pour le protéger du froid, ou des regards. Il l'observa une seconde et répondit à sa question par une autre question.

Est-ce que l'on se perd souvent dans ce coin ?

Puis presque sans réfléchir, sans aucune méfiance, il appuya son bâton sur un muret, se défit de son arc qu'il déposa à son tour, et s'approcha du tas de bois, accompagnant la donzelle en sa tâche. Et sans un regard à son adresse, il jeta quelques bûches dans la charrette.

On m'appelle El Viajero, je suis venu icelyeu dans l'idée d'être admis en Fatum.

Il ne savait s'il s'adressait à la bonne personne, mais il était certain du lieu. Sans plus d'explication il continua à faire voler les bûches.

L'hiver fondant sur le Royaume s'annonçait bien rude. Les vols de grues de plus en plus nombreux attestaient des gelées prochaines, et nourrir l'âtre était certainement ce qu'il y avait de plus judicieux à faire.

Alors qu’elle y mettait toute son énergie à lancer les buches dans la charrette, elle écouta d’une oreille attentive ce que l’homme pouvait lui dire, pour le coup elle en aurait presque retiré son mantel sur le moment tant l’effort de ses gestes finissaient par lui donner chaud dans tout le corps…..

Puis sans cesser son geste elle regarda l’homme….

Il nous est arrivé de retrouver de pauvres âmes perdues par ici oui, qui finalement après avoir eu le gites et le couvert ont fini par se joindre à notre alliance……

Alors que l’homme posa son bâton et son arc sur le muret …..Elle lui fit un sourire quand elle vit qu’il lui vint en aide pour entreposer du bois dans la charrette

Merci c’est bien aimable à vous……
Enchanté El Viajero, mois c’est La Féline, ou Féline …… n’ayez crainte je ne mords pas

Elle le regarda et ne put s’empêcher de rire après avoir prononcé qu'elle ne mordait pas …….

La charrette finies par être pleine très rapidement..... la Féline s’empara des bras de la charrette et commença à la pousser dans un grand effort, c’est le souffle presque coupé qu’elle continua à s’adresser à El Viajero

Alors comme ça vous aimeriez rejoindre notre Alliance…… Et qu’est-ce qui vous motive à ce point ?

D'un mouvement de la tête elle lui montra l’arc et le bâton posés sur le muret

Je vous invite à me suivre, j’ai peur que le feu de l’âtre s’éteigne dans mon bureau, ainsi nous serons au chaud et vous pourrez m’expliquer votre motivation pour être l’un des nôtres …

La Féline ne le laissa pas vraiment répondre, rare les fois où elle attendait les réponses faut dire, mais elle était ainsi ……… Elle poussa péniblement la charrette, si elle avait été seule c’était sûr qu’elle aurait grogné, mais elle ne s’y risqua pas ………….

La Féline songea-t-il, en lui adressant signe de tête pour répondre à son salut. Prompte et décidée tel un chat en ses mouvements, ce nom semblait lui correspondre. El Viajero se hâta de récupérer arc et bâton, fouilla prestement en sa besace et en sortit vélin éculé en rejoignant celle qui ria, peut-être à l'idée de mordre, mais dont les traits de la commissure des yeux trahirent bien vite l'effort douloureux de pousser une charrette ainsi garnie.

Attendez!... laissez-moi vous aider!

Il déroula le vélin qu'il cala entre les bûches sous les yeux de la donzelle, et notre serviteur l'aida à pousser sa charge pendant qu'elle jeta un œil sur la longue liste des bourgades et châteaux qui furent occupés par Fatum. Il posa un doigt sur les lignes où figurait:

Citation :: Prise du Château de Rouen (Normandie) le 8 Octobre 1461
Règne Brigand du 8 Octobre au 14 Novembre 1461

Avec une telle audace, je ne sais si je dois vous aduler ou vous craindre... Voilà ma motivation, m'amuser à faire trembler les têtes ducales... Et je me dis que jouer au chat et à la souris avec la Grande Prévôté ça doit stimuler les sens, non ?

Puis, alliant son effort à la Féline il demanda:

L'est encore loin vot'e bureau ?...

Elle lui adressa un grand sourire, quand celui-ci s’empara de la charrette

Oh merci à vous …………

Alors qu’il plaça un vélin et qu’il lui montra un des articles qui parla de fatum, elle ne put que sourire

En effet je comprends un peu mieux votre motivation maintenant…….cependant je dirais que j’ai préférais l’article qui précédait celui-ci et dont le titre était "130 brigands en Normandie"
Quant à nous Aduler ou nous craindre, je dirais ni l’un ni l’autre, quoique j’adore voir les grandes perruques trembler quand ils nous savent proches de leur terre

La Féline laissa échapper un petit rire amusé…….
Avançant à travers les couloirs elle continua à lui répondre

Je vais vous avouer une chose, j’adore jouer avec les prévôts, certains sont doués faut avouer, mais d’autres boudiouuuu on se demande ce qu’ils fichent, à mon avis ils sont plus souvent à reluquer les fesses des donzelles en tavernes, qu’à s’occuper de ce qui se passe ailleurs

La Féline se mit à rire de bon coeur……..
Ils finirent par emprunter un très long couloir là ou une multitude de tableaux était accrochés aux murs, certains représentant des portraits, d’autres des paysages ou des femmes dénudées……

Quand ils arrivèrent enfin devant une énorme porte en bois sculpté, La Féline l’ouvrit et voyant qu’il avait qu’une hâte être enfin arrivé elle le rassura

Non…. je vous rassure nous sommes arrivés, laissez la charrette dehors je vais juste prendre quelques buches…….

A peine eu t’elle le temps de le dire qu’elle s’empressa de prendre 2 buches assez rondes et grosses, et entra dans la grande pièce qui était son bureau, elle l’invita à entrer et déposa le bois dans l’âtre, pris le soufflet qui était appuyé contre le mur et souffla sur les braises jusqu’à ce que des flammes apparaissent et entourent les buches…..

Après s’être assuré que le feu avait bien repris, elle se retourna et invita El Viajero à s’asseoir à la table ronde qui était posée dans un coin de la pièce…

Je suppose que vous avez soif on dit toujours après l’effort le réconfort et rien de tel qu’une bonne bière….

Aux paroles elle fit le geste en se dirigeant vers le petit tonneau qui était sur le guéridon et remplit deux chopes
Elle en offrit une à El Viajero

A la vôtre et encore merci pour le bois et la charrette…

Elle trinqua avec lui bus sa chope cul sec et se dirigea vers son bureau ou elle prit un formulaire ainsi qu’une plume et l’encrier, qu’elle déposa sur la table

Spoiler:

Maintenant que j’ai compris votre motivation et que celle-ci me plait, je vous demanderez juste une dernière formalité c’est de me remplir ceci……

Sachez que seuls les régents qui sont Rayser et moi-même auront vus sur celui-ci et qu’il sera dans un endroit sur …..

Elle le laissa un instant prendre connaissance du formulaire, et retourna chercher quelques buches pour les entreposer près de la cheminée

Tout en se laissant conduire jusqu'au bureau de La Féline, El Viajero garda le silence, concentrant son attention sur les paroles de la dame au mantel et aussi sur la charrette pour ne pas qu'elle chavire. Il s'amusa de l'entendre discourir sur la Prévôté. Il observait aussi les tableaux qui habillaient ce long couloir. Il lui semblait d'ailleurs en avoir vu quelques uns en un autre lieu: oeuvres de copistes ou bien souvenirs de rapines ? Elle finit par le conduire en une vaste pièce qu'elle nommait son bureau, qui ferait sûrement pâlir d'envies certains se considérant importants en ce monde.

Il l'observa attiser le feu dans l'âtre. On soupçonnait en ses gestes un plaisir évident à voir la flamme renaître, puis danser, et inonder les lieux de sa chaleur bienfaisante. Il est vrai que s'il y a un plaisir à dérober en ces froides journées d'hiver, c'est bien de voir les flammes lécher les buches. Plaisir simple mais ô combien captivant.

Merci pour la bière, lâcha-t-il tout simplement quand elle lui tendit le godet. El Viajero avait été bercé par les fragrances du vin, de celui que l'on produit bien à l'abri dans des fûts en bois, que l'on couve comme l'enfant qui vient de naître. Du coup, la bière lui apparaissait bien souvent fade. Mais il apprécia cette bière partagée auprès d'un bon feu.

En souriant il ajouta:

Oh, de rien pour le bois... puisqu'il m'est permis d'en profiter aussi.

Il découvrit ensuite le formulaire qu'elle lui tendit et avant de répondre aux questions posées, il la regarda droit dans les yeux:

Ainsi donc, je me trouve face à l'une des têtes pensantes de votre Alliance... Je considère cette entrevue comme un honneur... J'imaginez, en me présentant, de voir défiler bien plus de monde... à me questionner... à me titiller, avant de rencontrer un chef.

Il saisit la plume, et s'enquit de remplir le parchemin... Il lui fallut peu de temps avant de le remettre à son interlocutrice.

Hum, voyez, je n'ai pu m'empêcher d'y ajouter quelques rubriques. Cela ne vous dérange pas j'espère ?

La Féline après avoir posé les buches revint s’asseoir, quand il fixa son regard dans le sien, elle le fixa à son tour…….. Et l’écouta avec attention en entourant sa chope de ses mains… et fit un sourire quand il parla de l’accueil...

Je dois dire que vous avez eu de la chance, que je passais par-là, ou plutôt j’ai eu de la chance car sinon je serais surement encore à pousser ma charrette dans les couloirs…..

L’accueil aurait surement été différent c’est sur…..On va dire que parfois le hasard fait bien les choses…..

Alors qu’il avait finis de remplir le formulaire, et qu’il le glissa devant elle, après en avoir fait la lecture et sourit au passage de la localité, elle le regarda….

Pour les rubriques ajoutées, nous pourrons voir ça plus tard si vous le voulez bien …… Je pourrais vous expliquer tout ça en effet ……

La Féline se leva et alla vers un coffre qu’elle ouvrit avec une clef qu’elle portait a l’intérieur de son bustier, elle l’ouvrit et en sortit une clef, qu’elle donna a El Viajero après avoir placé le formulaire de celui-ci et refermé le coffre

Voilà une première clef, d’autres vous viendrons par la suite, je vous souhaite la bienvenue parmi nous El Viajero, si vous voulez me suivre je vais vous montrer ou vous pourrez vous rendre avec cette clef vous y rencontrerez quelques compagnons …..

La Féline remis une buche dans l’âtre, se dirigea vers la porte et l’invita à la suivre

El Viajero se leva à la suite de La Féline et questionna:

Par où dois-je commencer ?

Quelques heures s'étaient écoulées depuis son entrevue avec La Féline. El Viajero avait croisé quelques compagnons autour d'un feu, échangé des bouts de phrase, et s'était décidé à repartir sur les chemins. Il voulut en informé la Féline et se présenta donc à la porte de son bureau. La charrette était toujours là... Il toqua à la lourde porte, et c'est le silence qui s'empara de son appel.
L'homme ouvrit alors sa besace, en sortit plume et vélin sur lequel il griffonna les mots suivants:

Citation :: J'ai découvert votre bibliothèque, instructive sur certains points. J'ai croisé quelques membres de l'Alliance. Pour l'heure, je repars sur les routes. Si besoin est vous saurez me trouver. Au plaisir d'une autre bière partagée (elle sera pour moi d'ailleurs).
Dans l'attente d'instructions.
Cordialement.
El Viajero

Il coinça son vélin dans l'encadrement de la porte et prit la direction de la sortie.

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